Françoise Niel Aubin.

Mots-clés : statut d'artite libre.

 Incroyable, n'est ce pas...

  Il faut que je vous dise. Il reste, au fond de mon coeur, une épine, plantée, d'il y a 30 ans presque jour pour jour.
 Je voulais, à cette époque, être peintre sur soie. J'étais fouguse, comme un chien fou, qu'on vient de lâcher dans une prairie, parmi les fleurs, un beau jour de printemps.

On m'a dit,  à ce moment, "si tu peins des objets usuels (des foulards), tu ne peux pas être considérée socialement, comme artiste libre"... Moi, honnête comme j'étais, j'ai optempéré... j'ai donc été enregistrée, à la chambre  des metiers.

 Je bossais, je bossais...Rien ne me faisait peur.
 Puis les premières charges à payer, sont tombées.  URSSAF, assurance vieillesse, assurance maladie.... En fait, pendant un an, j'ai payé les charges exactement comme si j'eus été carreleur, boulanger, ou maçon. Non pas que je trouve méprisantes ces professions, hein. Simplement, moi, je n'avais rien àvoir avec ces metierss là.... et surtout, mon chiffre d'affaire, lui, surtout, n'avait rien à voir.

 Alors, bien sûr, dès que je m'en suis apperçu, j'ai bien essayé de réagir. Je me souviens bien, par exemple, être allée visiter des magasins de prêt à porter, avec mes cravates en soie, et mes foulards, peints à la main....Et ce regard dedaigneux, des bougeoises rouannaise, de la vendeuse, qui me regardait avec mépris, et qui me repondait "mais madame, q'est ce que vous croyez, nous avons nos propres reseaux pour nous fournir".....espèce de grosse bourrique.... va....

J'avais 18 ans, à l'époque.  Pas un foulard vendu.... Pas une caravate........ Mon stok était énorme. Les seuls clients que j'avais eu, étaient les amies de mes parents, les connaissances.... les ventes dites "de charité", quoi....

 Au bout d'un an, la situation était financièrement catastrophique. Moi, personnellement, j'en étais malade. Au sens physique du mot. Je me souviens avoir eu des crampes, au niveau du ventre, intenables. Je me disais "si tu persistes, tu vas perdre ton mari"....Ce qui serait arrivé.
   Il m'a dit ce jour là.... "ne t'inquiete pas.... tu arrêtes. Je te promets, moi, que dans 10 ans, tu reprendras"..

 Puis les années ont passé. J'étais tellement humiliée, d'avoir dû stopper net cette activité là, que j'ai essayé, bien sûr, de passer à autre chose. J'ai bossé, deux ans, comme éducatrice. Puis  nous avons eu nos trois filles.

  Mon stok, lui, s'est trouvé écoulé, avec le temps, j'étais arrivée à le revendre, foulard par foulard. Ce qui m'avait permis d'éponger les pertes financières.

  Il a fallu cette grave depression, il y a huit ans, pour que je m'y remette.

 Il y a un quart d'heure, j'ai pris le téléphone.
  Demandé le centre des impôts.
  Je pose la question:

  J'explique ma situation. Ce passé, dont je viens de vous parler puis précise "chat échaudé craint l'eau froide". Je precise mes desirs:
 " je suis peintre. J'ai fait reproduire mes aquarelles, j'aimerai pouvoir les vendre, sous forme d'estampes, dans des carteries, et ateliers d'encadrement...."

Elle m'a expliqué la marche à suivre."statut d'artiste libre".

 Je vous envoie un formulaire à remplir. Au bout d'un mois, vous recevrez votre numero de siret. Avec ça, vous avez le droit de vendre tout ce que vous desirez, concernant votre peinture.

 Il ne me reste plus qu'à convaincre .........Mon mari....
 Mon atelier.



Mots-clés : statut d'artite libre.