Françoise Niel Aubin.

Mots-clés : auto stop

 C'était le soir. J'avais raté mon train, le dernier pour pouvoir rejoindre ma voiture, à la gare de Pavilly.

 Pas de portable, aucun numero de téléphone, enfin, à 10h du soir, en pleine nuit, dans Rouen, j'étais bien dans la merde.
 Je suis descendue le long des quais, en metro. Puis j'ai fait du stop, pour essayer de rejoindre le pied de l'autoroute, où j'espérais trouver enfin quelqu'un qui accepterait de me prendre...

 Une prostituée, là, attendait le client. Les voitures filaient, vite. Il faisait froid. Je me retournais, à chaque voiture qui passait, pour leur faire signe. L'une d'elles me double. Elle est pleine de jeunes, visiblement très émêchés. ils vocifèrent diverses insultes, par les fenêtres ouvertes.  Ils veulent en découdre. Heureusement, ils ne se sont pas arrêtés.


 
 Au bout de trois quarts d'heure de marche, j'arrivais enfin au pied de l'autoroute.

 Dieu merci, le gardien du parking, lui, était là. Et sans ce charmant monsieur, qui m'a appelé un taxi, je ne sais comment je me serai debrouillée...

 Enfin, bref.
 Hier soir, donc, je rentrais de Lyon, en fin d'après midi. Je ne prends jamais d 'auto stoppeur, j'ai tort, je sais...
 
 Je m'arrête. La nuit était tombée. Il portait deux grands sacs....

 Il était tout retourné que je me sois arrêtée...
 
Il habite mon village. Il n'était donc qu'à trois kilomètres de chez lui. Il habite la Gaillarde. C'est une coin de sainte Austreberthe, où j'ai habité, moi, au debut de mon mariage. Je le lui dis. On discute. Il me raconte sa vie...
 Il avait plutôt intérêt à faire vite, quelques kilomètres, en quelques minutes...
 
 Il me dit combien il est ravi que moi, une femme, j'ai daigné m'arrêter, "avec tout ce qui se passe"....
Et voilà qu'au bout de quelques minutes, il commence à me dire:
 

 Vous voyez, par exemple.... Là, ce soir. Je pourrai très bien manger avec vous...
 Je souriais... Que dire:  Non, en fait, j'ai ri, carrement. Non pas pour me moquer de lui, bien sûr. Mais je pensais au sketche de Coluche "l'auto stoppeur"....

 Je le recadre, fermement, et poliment.

 "non non non. Je vous remercie infiniment, mais non non. Vous allez rentrer chez vous, vous allez manger tout seul, et moi, je vais en faire de même"....

Puis il se justifie: "non, mais c'était juste pour rendre service, vous  savez. Il y a quelques mois, ma femme m'a quitté, elle est partie avec notre fils. Au même moment, j'ai été licencié. Alors, j'en ai ma claque d'être tout seul...".
 
  Je monte la côte, pour le déposer à deux pas de sa maison..... Il revient à l'attaque...
 "Je peux vous faire un bisou" ?

 Je ris franchement. Mais il est intelligent. Je savais que je pouvais me le permettre, qu'il ne se vexerait pas...


 Non non non.... C'est ors de question. Pas de bisou. Je suis désolée. Allez. Vous êtes arrivé, vous pouvez descendre.

 "Je vous souhaite bonne chance, pour l'avenir".

 C'est fou ce que le manque physique de femme, peut  engendrer comme comportement, n'est ce pas. Quand même, en trois minutes d'autostop, je l'ai trouvé fort motivé.....

 Enfin, voilà. Il s'appelle Sebastien. Si je le retrouve sur ma route, quand je rentrerai chez moi, je le prendrai de nouveau, bien sûr.
Mots-clés : auto stop