Bon. Alors, comme aujourd'hui, je donne un cours de français, je vais essayer de faire les choses bien. Commençons par le commencement.
oui, oui, je sais... Une petite note d'humour, ça fait pas de mal !
Portrait d’un décroissant
La décroissance : une idée qui fait son chemin dans l’opinion. Elle consiste à consommer moins pour protéger la planète. Mais qui sont les décroissants ? Nous en avons interrogé un. Hercule V. est dans sa salle de bain. Il passe un savon d’Alep sous l’eau pour le faire mousser. Il étale la mousse sur ses joues et se rase. Une fois rasé, il passe dans la cuisine où sa femme et ses deux enfants sont déjà installés. Il est 7 h 30. Un bol de chicorée, des tartines, et il attrape sa sacoche. Au revoir à la famille. Direction la gare. Temps clément : la journée commence bien pour ce professeur de mathématique adepte de la décroissance. Comment reconnaître un décroissant ? A de petits détails. Remplacer la bombe de mousse à raser par du savon d’Alep, le café par de la chicorée, la voiture par le train. Autant de gestes qui ont pour but de préserver l’environnement. Consommer moins La décroissance, c’est aussi et avant tout consommer moins. « Nous n’utilisons la voiture qu’une fois par semaine depuis que nous vivons dans le centre ville de Bourges (Cher). Personnellement, je n’ai pas de téléphone portable. J’achète très peu de choses, à part des livres. » Des livres traitant de décroissance, mais pas seulement. Des revues alternatives : La décroissance, CQFD, L’écologiste, Le Monde diplomatique, Silence, Sortir du nucléaire, L’âge de faire, Plan B, Offensive libertaire... Il consulte aussi des sites Internet : décroissance.org et décroissance.info. C’est en lisant ces revues qu’il a commencé à s’intéresser au sujet, il y a trois ans. Depuis, son mode de vie a changé. « Bien sûr, on est toujours obligé de faire des compromis. On s’adapte en changeant de petites choses. » Consommer local S’il choisit la chicorée, c’est qu’elle est produite en France. Elle nécessite de moins longs transports que le café de Colombie ou d’Ethiopie. Pour les légumes aussi, il favorise les producteurs locaux. Moins d’énergie consommée en transport, cela réduit d’autant l’impact sur l’environnement. D’autres achats décroissants : le savon de Marseille au lieu de gel douche. A la place de la lessive, des noix de lavage. Il avait une chaîne hifi. Tombée en panne, il l’a remplacée par un vieux poste de radio. Rencontrer des militants Hercule est militant. « Je suis convaincu de la nécessité de la décroissance. Si l’on continue ainsi, notamment avec l’émergence de pays comme la Chine, il n’y aura bientôt plus de ressources pour tout le monde. Je suis très inquiet pour l’avenir de mes enfants. » Il était à Saint-Nolff (Morbihan) du 7 au 9 juillet dernier. Ces journées de réflexion ont réuni 400 personnes venues de France et de Belgique. Tous se disent « objecteurs de croissance » ou adeptes de la décroissance. « Grâce à ces rencontres, je me suis aperçu que je n’étais pas le seul à avoir ces idées. » Hercule anime un blog depuis octobre 2005 avec des amis. Ensemble, ils s’appellent le groupe de décroisseurs berrichons. Un petit groupe, en fait, dont les membres se comptent sur les doigts d’une main. Mais un groupe actif. Ils communiquent grâce à leur blog et en participant à des manifestations. Présidentielle 2007 Ils seront au Forum des organisations environnementales qui se déroulera à Bourges du 5 au 8 octobre. Ils tiendront un stand. Ils mettront à disposition des tracts et des affiches sur la décroissance et la déplétion (moment à partir duquel la capacité de production de pétrole maximale aura été dépassée). En 2007, Hercule ne sait pas pour qui il votera. « Aucun candidat ne représente les idées de la décroissance. Chez les Verts, il y avait Yves Cochet. Il a été battu par Dominique Voynet. Les écologistes ont clairement opté pour le développement durable contre la décroissance. » Décroissance / développement durable La différence entre développement durable et décroissance ? Voici ce qu’en dit le site décroissance.info : « Ces deux notions peuvent paraître proches mais elles sont radicalement opposées... En quelques mots on peut dire que le développement durable cherche à concilier croissance économique et respect de l’environnement, alors que la décroissance considère que la croissance économique est un des principaux facteurs de la destruction de notre environnement. » (Voir le Tableau comparatif entre les deux notions) Parler de la décroissance à ses élèves ? Hercule ne l’envisage pas pour l’instant. « En tant que prof. de math., ce n’est pas mon rôle. Organiser une animation avec un collègue de science, peut-être, à l’avenir. » Pour lui et pour sa famille, la décroissance est un engagement personnel. Une façon de préparer l’avenir. Êtes vous locavore ou distavore?écrit le 5 fevrier 2008 tags : monde, local, tendance, bio, analyse
LE FAIT Un article du Time daté du 21 janvier dernier peut se vanter d'avoir réussi à secouer le petit milieu tranquille des locavores. Les locavores, ce sont ces personnes qui respectent une discipline alimentaire nouvelle : s'alimenter de produits dont l'origine géographique est située à moins de 160 km de leur fourchette... Autant dire que cela relève d'un véritable casse tête à certains endroits du globe. Mais aux Etats Unis comme au Canada, ce mouvement connaît un véritable succès populaire, et il s'étend peu à peu à l'Europe. Dans son article, Joel Stein stigmatise cette nouvelle mode «idiote» et y relate sa propre expérience : en signe de protestation, il a composé un menu avec des aliments qui ont tous parcouru au moins 4 800 km avant d'atterrir dans son assiette. Résultat : du brie français, du saumon écossais, du bar chilien, des asperges péruviennes et de l’huile d’olive italienne. La réponse des locavores n’a pas tardé et les blogs ont recueilli de nombreux messages cinglants qualifiant de «stupide», de «myope acharné» et d’«imbécile» le journaliste «distavore ». LE POINT DE VUE L’article du 21 janvier répond en fait à un numéro spécial du Time, paru le 12 mars 2007 sous le titre «Forget organic, eat local », et dont le dossier était consacré à la popularité croissante du manger local.
John Cloud, journaliste New Yorkais, y relatait sa perplexité face à un choix cornélien : acheter une pomme bio qui vient de l’autre bout du monde ou une pomme non bio produite dans l’Etat de New York ? Il en concluait que la pomme locale était souvent plus savoureuse, car plus fraiche et de saison. Le local supplantait le bio. De nombreux facteurs montrent que manger local n’est pas une mode légère, mais qu’il s’agit bien d’une tendance de fond. Les débats se succèdent sur le sujet et la presse s’en est emparé. Le terme de « locavore » a fait son entrée dans la version 2008 du New Oxford American Dictionary. Le restaurant du siège de Google aux Etats-Unis a été baptisé café 150 car tout ce qui est servi est produit dans un rayon de moins de 150 miles, et on ne peut pas dire que Google soit dirigé par les illuminés écolos fanatiques. Enfin la grande distribution affiche désormais les émissions carbone de certains produits (étiquetage bientôt généralisé en France mais qui existe depuis déjà quelques années en Angleterre). Comme à chaque bouleversement social, il y a un d’un côté un mouvement conservateur qui lutte contre le changement, et de l’autre des avant-gardistes, convaincus qu’il est temps de faire évoluer les comportements. Car manger local, et plus généralement consommer local, implique un changement de mode de vie. C’est une façon de penser différente, plus proche des communautés, plus conviviale. PASSER A L’ACTION Alors que doit-on en penser ? Lorsque même le prix nobel de la paix 2007 (Rajendra Pachauri, président du Groupe Intergouvernemental sur le Climat) prône un changement de nos modes de vie et notamment de notre alimentation, il n’y a pas long à hésiter… Car en plus, en France, nous avons la chance d’avoir à notre disposition une variété immense de produits locaux aux saveurs différentes. A condition de ne pas voir la notion de manière trop stricte, manger local peu très bien vouloir dire profiter de la diversité des cuisines régionales. Mais ça ne doit pas constituer une contrainte. D’autant plus que parfois, un produit local demande plus d’énergie pour sa production qu’un produit fabriqué à l’autre bout du monde et importé par bateau. Il n’y a donc pas de recette miracle. Ne vous prenez pas la tête et variez les plaisirs. Mangez bio ou local, essayez le plus possible de combiner les deux et tenez compte des saisons, achetez sur les marchés, essayez les paniers de fruits et légumes (AMAP, Le Campanier, Jardins de Cocagne, etc.) le tout, sans vous priver. «Eating green is a lifestyle » comme ils disent... texte empreinté ici: www.guide-ecofood.fr/Article-14-tes-vous-locavore-ou-distavore.html Bon. Moi, pour ma part, je n'irai jamais me moquer comme ça de gens qui montrent du doigt certaines énormités que nous faisons nous tous, en faisant simplement nos courses. |
Très intéressant... J'ai surtout aimé ton bout de billet sur la décroisssance.
Bonne journée !
Marie | Le Vendredi 06/03/2009 à 10:55 | | Répondre