Françoise Niel Aubin.

Mots-clés : Vivaldi et moi.

 Bien sûr, pour moi qui suis d'habitude plus originale, et qui donc, évite de fouiller dans les musique d'ascenseur, ça peut surprendre.
 
Mais enfin, c'est ainsi. Et pourtant, Dieu sait que sur ce blog, il en a été dites, des choses, et relativement intimes, qui plus est. Mais ce truc, là, jamais encore, il me semble.

 La scène se passait quand j'étais collègienne, je devais avoir 14 ou 15 ans.

 Nous avions comme prof de musique, un certain Monsieur Dubost. C'était un passionné. Mais le gros problème, c'est qu'il n'arrivait jamais  à tenir ses classes. De plus il était très petit, et très nerveux, ce qui ne facilitait pas les choses, il faut bien  l'admettre. Il étaisurnommé "FA dièse", parce que "plus près du sol".

Donc, malgré le fait qu'il essayait de nous communiquer le goût pour la musique, il lui arrivait régulièrement d'être complètement excédé...

 Un jour que la coupe était particulièrement pleine, il lui est venu l'idée de nous faire écouter un morceau... Puis il nous a dit d'un air de défit:

-"Puisque vous êtes si malins, vous allez me dire ce que cette musique évoque pour vous.... Vous ferez moins le mariol, après" (l'air de dire, vous n'êtes vraiment que des pauvres nuls, tous autant que vous êtes)....

Bref, il met le morceau... Moi qui travaillais pourtant bien, en musique, j'étais bien sûr dans le même pannier que les autres.... Enfin, il faut dire qu'entre deux notes, je n'étais pas la dernière à faire le clown.

  Il devait m'avoir dans le pif, ce jour là.
 Puis m'arrêtant, parce que je devais l'avoir enervé plus qu'un autre, il me dit (toujours avec cette expression de defit), "alors, je vous écoute, maintenant"....


 Silence....



 Je me souviens très bien. Trouvant l'expérience fort amusante, je relevais le défit, et lui ai raconté ce que j'en pensais. J'ai pris un air inspiré et lui ai dit un truc dans ce style:

" Pour moi, il s'agit de la nature.  On entend le vent à travers les feuillages...."

 Monsieur Dubost, à ces mots, ne se sent plus de joie...


 Non, excusez moi, ma langue a fourché.


 Il m'a fixé..... Je voyais la colère qui lui resortait des yeux.... Il est devenu rouge comme une tomate.... outré.

 Puis il a hurlé à la cantonade: "de toute façon, vous avez triché, vous connaissiez le morceau avant."


 Mais ce fût pour moi, une véritable revélation, qui a simplement bouleversé ma vie.... Car d'une part, il est probable que j'étais quasiment une des rares personnes a avoir eu la finesse de me prêter au jeu, simplement pour voir, les autres foutant un bazar monstre... Mais surtout, j'étais complètement sur le cul d'avoir décrypté ce que l'auteur avait vraiment voulu transmettre, quand il avait écrit ce morceau.... Et je réalisais, aussi, par la même occasion, à quel point, encore une fois, j'étais plus sensible, probablement, que d'autres enfants de mon age.

  Depuis ce jour, Vivaldi et moi, c'est bien simple, on est potes comme cochons...

 D'ailleurs, à ce sujet.

 Savez vous que les Françoise, quand elles ont fait leur concert, à Bourges, ce printemps, c'est par ce morceau là, qu'elles sont arrivées sur scene ?

www.dailymotion.com/swf/video/xwptr


Mots-clés : Vivaldi et moi.