Françoise Niel Aubin.

 Bonjour, les zoziaux.




 Oui oui. Aujourd'hui, j'ai très envie de vous parler de ça.... Ca se passe tous les mardis, en soirée... à 16h20 environ, je goûte toute seule. C'est parce que je ne goûte pas comme les enfants ! Enfin, j'essaie...
 Puis ensuite, je file à Pavilly, à la croix rouge.

 Les deux autres accompagnants sont déjà là... Ils coupent les tronçons de pain, tartinent le nutella, versent les verres de lait... Après avoir fait un bisou à tout le monde, je prends place à la table. les filles, enfin, souvent la même, a toujours  la gentillesse de me demander "est ce que tu veux que je te prépares quelque chose... ?" 
 Et là, je suis bien contente de répondre: NON NON tu sais bien, je goûte seule à la maison, avant de venir, pour ne pas être tentée... Puis ça marche plutôt bien !

  En général, Maxime, "le marginal", est déjà en train de faire parler de lui. Il ne reste pas en place... Je ne sais pas ce qu'il goûte !  A chaque fois, il a presque fini quand j'arrive.... En fait, il attend plus ou moins que j'arrive pour passer aux choses sérieuses....
 
LES DEVOIRS

 Je ne sais pas comment je me debrouille, mais à chaque fois, je me retrouve à faire apprendre les récitations ! Bon, quelquefois, il y a bien quelques règles de grammaires à apprendre, ou à revoir... Mais je n'y comprends rien ! Moi, à ces trucs. Les enfants doivent le voir... je crois. En fait, ce sont les mots utilisés, qui ne sont plus les mêmes que quand moi, j'étais enfant... "determinant"... Jamais de la vie on a appelé un mot comme ça, hein.... Qu'est ce que c'est que ce vocabulaire...?
 Enfin, bon. Même si ça ne me branche pas, je le fais quand même hein....
 Mais souvent, c'est plutôt, les récitations.

 Bon. Il faut dire que je ne boude pas mon plaisir. Moi, pour les aider, je fais comme ça...:
 
  Je lis une fois le poème. Enfin, le morceau qu'ils ont à apprendre. Plusieurs fois au début. 5 ou 6 fois, en insistant bien sur la ponctuation.
 Ensuite, chacun une fois (ils sont deux dans la même classe).
Puis j'adore utiliser des gestes de la main, comme moyen mnémothechniques... Ca marche bien ! Puis je redis le poême. Une fois, l'un essaie...Je le redis une fois, l'autre le redis ainsi de suite. En fait, je dois le lire au moins trente fois, peut être . Lentemment, en leur expliquant bien la raison pour laquelle il faut baisser l'intonnation, car c'est une fin de phrase, par exemple...  Et puis j'insiste beaucoup sur les rimes. Quand ils butent sur un mot, je leur explique avec quoi ça doit rimer. Puis je le redis, en accompagnant quelquefois d'un balancement de la main, comme pour battre la mesure. Les enfants m'aiment bien. Le courant passe super bien. Puis faut dire que je suis bien tendre avec eux. Enfin, c'est un vrai plaisir, quoi... Quelquefois, il s 'échappent un peu du sujet..! La petite fille (heureusement qu'elle ne m'entend pas) surtout, qui a toute une ménagerie, à la maison, a toujours envie de me raconter les dernières trouvailles de ses phasmes, ou de ses lézards....   Oui, je precise, ils sont en CM2... Et je les observe, aussi, beaucoup, entre eux... Ils sont vachement solidaires, et complices...Moi, quand j'étais écolière, je n'avais pas d'amis... Alors, c'est vraiment agréable pour moi, de les regarder vivre, simplement... Enfin, je m'en delecte ! quoi...
 
  Mais bien vite, je les remets sur "le droit chemin des devoirs".

  Et voilà le poême sur lequel ils travaillent en ce moment.

  "le reveil du printemps."

Tandis qu'à leurs oeuvres perverses
Les hommes courent haletants,
Mars qui rit, malgré les averses,
Prépare en secret le printemps.

Pour les petites pâquerettes,
Sournoisement lorsque tout dort,
Il repasse des collerettes
Et cisèle des boutons d'or.

Dans le verger et dans la vigne,
Il s'en va, furtif perruquier,
Avec une houppe de cygne,
Poudrer à frimas l'amandier.

La nature au lit se repose;
Lui descend au jardin désert,
Et lace les boutons de rose
Dans leur corset de velours vert.

Tout en composant des solfèges,
Qu'aux merles il siffle à mi-voix,
Il sème aux prés les perce-neiges
Et les violettes aux bois.

Sur le cresson de la fontaine
Où le cerf boit, l'oreille au guet,
De sa main cachée il égrène
Les grelots d'argent du muguet.

Sous l'herbe, pour que tu la cueilles,
Il met la fraise au teint vermeil,
Et te tresse un chapeau de feuilles
Pour te garantir du soleil.

Puis, lorsque sa besogne est faite,
Et que son règne va finir,
Au seuil d'avril tournant la tête,
Il dit : "Printemps, tu peux venir ! "

Théophile Gauthier
Emaux et Camées

 Quand le beau temps sera bien installé, je vais les inviter à la maison, pour voir le jardin et les poules.... Ils seront contents, et puis moi aussi.