Françoise Niel Aubin.

 Bon, et bien, je suis pas fachée d'être rentrée, hein. Tout comme ma maman, figurez vous.
 Je précise, pas de messe pour moi, hein. Une fois fait le tour intérieur de l'église, avec elle, on a noté les heures des messes. Comme l'hebergement était tout près, elle s'y rendait seule, puis moi, je lisais. Un quart d'heure avant la fin, je venais la récupérer, puis je lui offrais mon bras, pour aller manger.

  Mais envers elle, l'expérience valait le coup être ménée.... Nous sommes arrivés là bas, les jours qui ont suivi les fêtes de l'assomption, qui comme vous l'ignorez peut être, à la mi août, célèbrent tout particulièrement, la vierge marie. Et il se trouve que c'est "le fond de commerce spirituel" de Issoudun. Autant vous dire que les jours d'avant, il devait y avoir un fiesta là bas, "du feu de  Dieu".... C'est simple ! il parait que les Francololies de la Rochelle, à côté, c'est de la gnognotte !

 Enfin, voilà, c'est fait..  Les jours qui ont suivi cette "énorme fiesta", nous n'étions plus que 6 ou 7 , à manger dans le refectoire, autant dire que l'hotel où nous sejournions n'était même pas plein au dixième de sa capacité...

 C'était pas vraiment l'endroit pour que je puisse moi, faire le clown, et rigoler ne serait ce qu'un petit peu. Quelques vieilles dames "respectueuses",  plus ou moins illuminées, version "Chapelle de la Joie"... (thomas fersen), cependant, comme j'étais là bas pour ma maman, je ne manquais pas, moi, dans l'intimité de nos conversations privées, de lui sortir des bêtises, pour la faire rigoler, et elle ne s'en privait pas.


J'oublie de manger mon sandwich
Et je songe à me faire prêtre
Quand elle paraît à sa fenêtre
Comme une sainte dans sa niche

Barbe, cheveux, sourcils incultes
Mon jardin est à l'abandon
J'éteins la télé qui m'insulte
Et comme je suis un fin guidon

Je prends mon vélo par les cornes
J'ai donné quelques tours de roue
Le ciel est pâle, le matin morne

À sa fenêtre à guillotine
Mon regard est toujours pendu
Dommage qu'une paire de bottines
Soit tout ce qui s'offre à ma vue

Lorsqu'elle apparaît sur son socle
Qu'elle brille dans son cadre doré
J'en laisse tomber mon monocle
Je gambade à travers les prés

Je prends mon vélo par les cornes
J'ai donné quelques tours de roue
Le ciel est pâle, le matin morne

Dans cette lumière d'aquarium
Le front appuyé sur la vitre
Avec ma barbe et mon teint d'huître
Je traumatise le géranium

Alors elle écarte la brume
La brume de ses rideaux de soie
Et dans la chambre qui s'allume
Eclate la chapelle de la joie

Je prends mon vélo par les cornes
J'ai donné quelques tours de roue
Le ciel est pâle, le matin morne

Derrière mes rideaux de cretonne
Rêvassant dans le demi-jour
Je suis comme une jeune fille bretonne
Je brode en attendant l'amour

Je prends mon vélo par les cornes
J'ai donné quelques tours de roue
Le ciel est pâle, le matin morne

 Pour vous dire. Une des dames, en face d'un prêtre, commentait le fait que nous ayons des carottes dans notre assiette... Ce cher "monsieur", je dis "monsieur", au sujet du prêtre, car ma  maman m'a fait remarquer que ça n'était pas une façon décente d'appeler un prêtre.... Qu'elle ne se plaigne pas, j'aurai pu leur dire bonjours, avec un bon "salut ma poule".... Moi, je leur serrais la louche 'fermement", comme moi seule sait le faire, et quoi dire d'autre que "monsieur"... mais non.... Encore hier, en rentrant, elle m'a fait la remarque.

 _" Mais comment veux tu donc que je les appelle ?
 Je ne sais pas. Elle demeurait interdite, au pied du mur, ne sachant quoi me répondre.

 Ils sont curés soit ! Mais bordel de merde, ça reste bien des mecs, non  ?.... Tu ne crois pas ? soit logique, un peu....

 Pour en revenir à ces histoires de carottes, le prêtre dit, en souriant: "ça rend aimable"... Il était un peu prédisposé, visiblement, à sourire d'un rien. Je regarde ma maman, puis à voix basse: "tu crois que je peux lui dire que ça fait aussi les fesses roses"....  Elle scandalisée: "non"....
Rétrospectivement,  "mea maxima culpa". J'ai raté le coche. De toute évidence, j'aurai dû, au moins, on aurait rigolé un peu...
 
 Mais je venais avec maman dans le but de l'accompagner, elle, dans sa démarche, bien plus que dans l'objectif de faire le clown.  Après tout, pour moi, me mettre en retrait, quelquefois, c'est un exercice qui ne peut que m'être profitable... Comme ça peut l'être, de temps en temps, pour n'importe qui.
 
  Elle piaffait intérieurement... Mas s' il n'y eut qu' à ce moment, qu'elle piaffait... Tout le long du séjour, je ne dirai pas qu'elle était mécontente de mon comportement, mais simplement qu'elle eut assez souvent l'occasion de "lever les yeux au ciel", pour finir en fait par m'offrir un grand sourire, qui traduisait fort bien son plaisir de me voir être moi même, y compris dans un environnement tel qu'un pélerinage.

 Dans le magasin de cadeaux, je vous passerai les multiples babioles, proposées à la vente. Maman avait l'intention d'offrir à chacun de ses petits enfants, une carte postale. Je crus bon de préciser "à voix haute", pour qu'elle entende: "tu sais, si tu as vraiment l'intention de leur faire plaisir,  je te recommande de chosir des truc sans aucune conottation religieuse".... Elle lève les yeux au ciel (ma pauvre maman n'a fait que ça...)... Le prêtre en question était derrière, et a entendu. Maman "gênée". Je developpe.   "On peut très bien transmettre des message d'espoir, des choses positives, sans  que la religion entre en ligne de compte". Il acquisse. Je précise. "mais tu fais comme tu veux.  Mais tu dois savoir si tu souhaites te faire plaisir à toi, ou à eux".


 et ce fût comme ça bien souvent.

 Enfin, voilà. Je suis bien contente, là, de pouvoir ma lâcher un peu.

 A l'aller, dans le train, nous avons fait la connaissance pendant trois heures, avec une dame charmante, avec laquelle on a bien rigolé, et qui a cloturé notre tranche de rire en renversant son café sur mon pantalon....

 Mais à part ça, ce fût un peu pauvre en rencontres humaines. En fait, maman avait un peu l'image du pélerinage conforme à celui de Lourdes, qui est une énorme pompe à fric, alors, aller là bas,  dans une ambiance intimiste, lui a bien convenu.

Et comme disait la pub, pour le depoussièrant "pliz", quand on était petits "et bien je ferai pas ça tous les jours".....