Françoise Niel Aubin.

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 Mais c'est pour la bonne cause !

 Oui, je dis que ça n'est pas dans mes habitudes, car d'une part, mes parents n'étaient pas des "revolutionnaires das l'âme"... Mais enfin, pas dans leur comportement, quoi..."aller défiler", non, vraiment, c'était leur style... Cependant, au moment des kotas laitier, maman avait fait le voyage, à Paris, pour defendre ses interêts... Vous vous rendez compte ,  elle ma maman... Aller défiler... C'était un peu comme si j'obligeais  mon mari à faire... Je sais pas, moi... "un défilé de mode". Enfin, un truc incroyable  ! Complétemement inenvisageable !

 Et n'empêche, maman, à bien y refléchir, d'avoir fait ça, ça l'avait complétement chamboulée, hein... Elle était bouleversée d'avoir rencontré plein de femmes et d'hommes, qui avaient encore plus de gueule qu'elle pour defendre ses interêts... C'était bouleversant, pour elle. D'ailleurs, encore aujourd'hui, il arrive qu'elle en parle encore. Et depuis ce jour, c'est une fervante adepte du syndicat "confédération paysanne".


 Enfin, quand je dis que mes parents ne sont pas des révolutionnaires, ça n'est pas tout à fait vrai. Dans leur attitude, leurs choix de vie, ils le sont. Mon père était connu, quand il était conseiller municipal, pour avoir sa tête, et souvent être le seul à affronter l'avis du maire, et des autres conseillers. S'il n'était pas d'accord, il ne demordait pas.
   D'ailleurs, hier, je suis passée les voir. Ils savent que je viens les voir chaque mercredi après midi, juste après avoir visité Marcelle.
 Le matin, il était allé faire quelques courses. Puis sachant que je venais, il avait acheté des fraises.... Vous savez, les trucs rouges, monstrueux, qui viennent d'espagne, et qui n'ont aucun goût....
 Alors, je dis à ma mère:
 "quoi... il a acheté ça ! mais quelle honte"...... Puis je commence ma leçon de morale.... "il ne faut pas acheter ces frainses là. Ca n'est pas spécialement parce que elles viennent d'espagne, mais d'une part, elles n'ont aucune saveur, d'autre part, les ouvriers qui les cueuillent sont sous payés. Alors, acheter ces fraises là, c'est quautionner un trafic que ne devrait pas avoir lieu." (prenez en de la graine).
 Alors, mon père, lui, prenait un malin plaisir à me foutre la barquette de fraises sous le nez, en me disant "regarde comme elles sont belles.". J'ai pensé à toi... regarde. Je suis sûre que tu ne vas pas résister..... Il est chiant ! Putain de bordel de merde...

  Enfin, on discutait grave... Comme d'habitude... Puis , je ne sais plus  comment on en est arrivé à parler de ça. On parlait des marginaux.... Puis d'un seul coup, mon père devient grave....  Je sentais la grande reflexion philosophique qui bouillonnait, et j'attendais, patiemment que ça sorte... Puis il me dit :
 
"ce sont toujours les marginaux qui ont fait avancer la socièté"....... Bon. et bien, je n'ai pas perdu mon temps, hier, hein....