J'ai donc du prendre le train de banlieue de Chelle, à st Lazare.
Et j'observais. J'observais, même grandement, les gens, tout autour de moi.
L'une finissait de se maquiller. Deux autres, elles, visiblement, n'ayant pas pris le temps de prendre le petit dejeuner, grignotaient quelques biscuits. En face de moi, une jeune femme, d'une nationalité étrangère téléphonait. On ne risquait pas, au moins, de voler la moindre bribe de se conversation. Sur les trois femmes en face de moi, deux ont pris le p'tit dej', et les trois ont téléphoné.
Au fur et à mesure que nous passions les différentes gares, le train se remplissait. Ce dernier, cependant, était en bon etat, et propre. Mais voir tous ces gens, là, amassés, ne se regardant surtout pas.... Un homme, debout, agrippé à la barre, revoyait probablement une sorte de bilan financier. Une autre, à ma droite, elle, après avoir lu un petit livre, écrit en arabe, a sorti ses cours.... Comme ses feuilles étaient à 5cm de ma main droite, je ne pouvais faire autrement que de me rincer l'oeil...
Il était question de sinapses, de neurones, avec une multitude de shémas, et de dessins, auxquels elle avait ajouté des commentaires, et sur lesquels elle posait un oeil aiguisé, au point de me laisser dans une songerie qui me disait combien la nature humaine peut être étrange.... Une queue très haute, perchée sur sa tête, laissait s'échapper des boucles, tout autour de son cou.
Puis dans le couloir, à ma gauche, une jeune femme, elle, lisait un roman. Elle était très amusante, car visiblement, son esprit, lui, était parfaitement intercalé entre les pages du dit bouquin, et la promise cuitée du voyage, pour se rendre à son travail, lui semblait alors tout à fait supportable.
J'adore regarder, dans les trains, les gens, comment ils se comportent. Quand ils lisent c'est très amusant.... Il y a quelques jours, un jeune homme, lui, riait intérieurement. Je suis sûr qu'il ne s'en rendait pas compte. Que ça se voyait de l'extérieur, je veux dire.
Puis comme vosine, entre Paris et Rouen, j'ai fini par avoir une vieille dame, très acariatre. Elle me rappelait grandement une vieille dame, que j'ai bien connue, dans mon enfance, et que je n'aimais pas.... Un chouillat "cureton", sur les bords, qui confirmait décidement, le peu d'anthousiasme dont je faisais peuve. Quand même, il m'était arrivé, en deux heures de trajet, de poser mes yeux sur sa personne. Elle portait un beret rouge. Ses lèvres étaient fortement pincées. Mais vu les ondes "pontificales" qui émanaient de cet être, je ne m'y risquais point.
Puis en arrivant à Rouen j'osais une remarque: "Est ce que c'est la basilique de Bonsecours , qu'on apperçoit là bas ? sur la colline ?
D'un seul coup, son visage s'illumina.
"oui oui, bien sûr, vous avez tout à fait raison. C'est effectivement celà".
Puis elle continua... Elle avait préparé ce voyage depuis plusieurs semaines. Rouen était la ville de son enfance. Quand elle décidait de venir à Rouen, c'était pour elle, une véritable fête....Elle voulut savoir si je connaissais telle rue, où il y a tel couvent.... Puis telle autre, où il y a tel autre couvent, puis tel autre.... etc...
Je repondais favorablement, car il se trouve que pendant mon adolescence, quand je fréquentais le lycée jeanne d'Arc, à Rouen, je prenais plaisir à parcourir ces petites rues, là, dont elle me parlait, précisement parce qu'il y reignait une odeur "de sainteté ?".... Non, plustôt une forme de serénité, assez difficilement explicable, à vrai dire. Un peu comme si le Seigneur Jesus, lui, même, eut figé, dans une sorte de torpeur, l'architecture de ces petits couvents, avec des ruelles, à peine empreintables par les voitures d'aujourd'hui.
Puis avec un sourire, je la comtemplais............... "c'est donc celà".......
Ce matin, dans le train....J'ai passé la soirée à Paris, hier. Et ce matin, donc, je rentrais chez moi. |
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